Comité d’études 2024 : « l’Europe à la croisée des chemins de SA défense »

Comité d’études 2024 : « l’Europe à la croisée des chemins de SA défense »

Dans la situation géopolitique mondiale actuelle, quelle articulation peut être envisagée entre l’UE et l’OTAN ? Comment donner à l’industrie de défense européenne les moyens d’atteindre l’autonomie stratégique de l’Europe tandis que la guerre fait son retour sur le continent européen ? Ce furent là des thématiques abordées par le Forum organisé par l’ACADEM les 13 et 14 mars 2024, cette première édition visant à reconquérir et faire rayonner la pensée stratégique européenne.

L’Union-IHEDN souhaiterait, en vue de la seconde édition du Forum ACADEM, recueillir la
réflexion, l’opinion des auditeurs sur ce sujet, sachant qu’il faut désormais replacer la guerre au cœur des organisations de défense. Car si l’Europe doit disposer de capacités réelles et crédibles pour répondre à ses besoins et faire face aux menaces, la France doit contribuer à européaniser l’économie de guerre tout en renforçant le pilier européen de l’OTAN, sachant que l’Europe ne fait pas partie de l’OTAN, même si la plupart de ses membres en font partie.

En matière de défense de l’Europe, en dépit de tentatives autonomes timides, la guerre en Ukraine met en évidence le rôle majeur des Etats-Unis sur le plan politique et le rôle essentiel de l’OTAN sur le plan politico-militaire. L’autonomie stratégique de l’Europe n’aura-t-elle été qu’un rêve ?
L’Europe de la défense veut-elle et peut-elle être : – – –

  • Le pilier européen de l’OTAN (le de se référant à une autonomie d’appréciation et
    d’action dans l’alliance – notion de contrôle opérationnel) ?
  • Le pilier européen dans l’OTAN (le dans se référant à une subordination – notion de
    commandement opérationnel) ?
  • Ou doit-elle se résigner au statu quo actuel dans lequel elle n’existe au sein de l’Alliance
    que par l’adhésion et la contribution de ses pays membres ? Ou une autre voie est-elle
    envisageable ?

L’élargissement de la dissuasion nucléaire française à l’Union européenne est également depuis au moins un demi-siècle un des éléments du débat sur la sécurité en Europe.« Il nous faut renforcer le pilier européen de l’Otan, y compris en termes de dissuasion », reconnaissait le chancelier allemand M. Olaf Scholz mi-février 2024 lors de la Conférence de Munich, le grand rendez-vous annuel de la sécurité transatlantique , actant ainsi un revirement à la fois stratégique et idéologique de l’Allemagne depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale.

A l’époque de la Guerre froide l’important pour le président Mitterrand était de proclamer : ‘’La dissuasion, c’est Moi’’. Mais tout récemment, dans un entretien avec des jeunes Européens publié le 27 avril 2024, le président Emmanuel Macron s’est dit prêt à « ouvrir le débat » d’une défense européenne qui comprendrait aussi l’arme nucléaire : »Je suis pour ouvrir ce débat qui doit donc inclure la défense antimissile, les tirs d’armes de longue portée, l’arme nucléaire pour ceux qui l’ont ou qui disposent sur leur sol de l’arme nucléaire américaine. Mettons tout sur la table et regardons ce qui nous protège véritablement de manière crédible », a déclaré le chef de l’État, en ajoutant que la France garderait « sa spécificité mais est prête à contribuer davantage à la défense du sol européen ».
En ce cas la profession de foi du président Mitterrand se transformerait-elle en : « La dissuasion, c’est Nous » ?

Alors quel avenir pour l’OTAN et quelle place pour la France dans un OTAN que les Etats-Unis, quelle que soit l’administration en place, voudra taxer fortement tout en éloignant le bouclier que seule la dissuasion nucléaire française voire européenne pourra, sinon remplacer, du moins compenser ? Nous sommes effectivement à la croisée des chemins !