Conférence (en présentiel) de Bernard MAILLARD
sur le thème
« Energie, où allons nous? … Quelques repères pour l’électricité«
le mardi 7 novembre 2023 à 18h30 à l’Ecole militaire
Résumé de la conférence avec les supports illustratifs ICI (Blog de Bernard Maillard)
Nous étions une vingtaine dans l’amphithéâtre Lacoste, à l’Ecole militaire, le 7 novembre 2023 pour suivre la conférence de Bernard Maillard.
Il nous a présenté la situation et les enjeux du système électrique en France dans son contexte européen et mondial. Il convient d’abord de présenter les ordres de grandeur. Ces dernières années la demande en électricité a été quasiment stable en France autour de 480 TWH depuis 2010 pour décroitre ensuite depuis 2019.
Au niveau mondial, si sur les cinquante dernières années, la demande en énergie a suivi celle de la démographie, avec un doublement conjoint de la population et de la demande en énergie depuis 1973, la demande en électricité a cru deux fois plus illustrant la pénétration croissante de l’électricité dans l’économie. Si l’Europe a connu ces dernières années une décroissance de la demande en électricité, celle-ci demeure soutenue à travers le monde. L’accès à l’électricité se situe dans un rapport de plus de 1 en 100 en MWH par habitant et par an à travers le monde. Les pays occidentaux constituent désormais à peine le quart de la demande mondiale en électricité.
En France, la consommation instantanée varie de 1 à 3 entre l’été et l’hiver et de 1 à 2 au maximum au cours de la journée. Pour répondre à la demande, le système électrique a besoin de moyens de production pilotables pour équilibrer en temps réel la demande et la production. La puissance appelée maximale en pointe remonte à 2012 (102 098 MW), et demeure autour de 90 000 MW ces dernières années.
Les besoins complémentaires identifiés à l’horizon 2030 sont en France de 5 GW en pointe (pompes à chaleur) et de 100 TWH par an (mobilité et production d’hydrogène décarboné)
L’insertion du système français dans le réseau européen depuis les années 60-70 donne de la souplesse au fonctionnement, la France pouvant vendre ou acheter de l’électricité à ses voisins
Les centrales nucléaires, les barrages hydrauliques, les centrales à gaz ou à charbon sont pilotables. Ce n’est pas le cas des éoliennes ni des panneaux solaires. L’intermittence peut varier, par exemple pour l’éolien, de 1 à 100, de manière aléatoire, en plein hiver sur un mois.
En 2010, la France bénéficiait d’un système électrique équilibré et déjà décarboné avec le parc pilotable et décarboné hydraulique et nucléaire. La France disposait de l’une des électricités les plus compétitives d’Europe. La balance nette en électricité a été excédentaire entre 1981 et 2021.
Depuis l’ouverture des marchés de l’électricité au niveau européen, un mécanisme, non efficace et non pertinent oblige EdF à vendre depuis 2012 une large partie de sa production nucléaire à des fournisseurs dits alternatifs à un prix fixe depuis 12 ans, (l’Arenh 42 euros le MWH).
Pour le consommateur, le prix de l’électricité a augmenté de 52 % entre 2010 et 2021. De son côté EdF a été confronté à des difficultés financières, notamment en 2022 au moment d’une conjoncture industrielle difficile pour la production nucléaire et où le marché de l’électricité est entré en ébullition (plus de 1000 euros le MWH pour le ruban énergie) avec la guerre en Ukraine et les tensions sur le marché du gaz. Importatrice nette en 2022, pour la première fois de 1980, la France est redevenue exportatrice en 2023 avec le redressement de la disponibilité du parc nucléaire.
L’importance de la valorisation et de la performance industrielle du pilotable décarboné qu’est l’énergie nucléaire pour laquelle la sûreté nucléaire doit rester la priorité une, a été soulignée. Pour l’indispensable évolution de la régulation du marché de l’électricité, la nécessaire prise en compte des contrats de long terme a été évoquée. Enfin le conférencier a exprimé une interrogation sur le déploiement massif de productions intermittentes quand l’électricité est déjà décarbonée, comme c’est déjà le cas en France grâce au parc hydraulique et nucléaire, dans une perspective de la nécessaire maîtrise de la demande en électricité et de la tout aussi nécessaire maîtrise des budgets publics et du pouvoir d’achat.
Nous sommes tous citoyens et donc « actionnaires » des entreprises nationalisées et tous consommateurs d’électricité. L’exposé a suscité de nombreuses questions dans l’auditoire, doublement intéressé.
Yves-Henri RENHAS