Visioconférence d’Anca PETRE
sur « Blockchain et crypto-actifs : le temps des réponses »
le mardi 17 janvier 2023 à 19h
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Anca Petre répond à la question de savoir où en est la technologie du web et les applications nouvelles qui s’y rattachent.
Sa présentation suit l’historique des différentes étapes informatiques qui ont construit le web, et les techniques de paiement en ligne qui ont induit différentes technologies et qui laissent entrevoir des développements nouveaux et créatifs du réseau internet actuel, dont la forme théorisée résultante serait le Web3.
Ce sont les recherches et les essais informatiques de création de paiement en ligne ou de monnaie numérique qui ont donné naissance à une technologie très prometteuse.
Anca Petre nous donne deux exemples de ce processus.
Au départ, Anca nous rappelle qui est David Chaum, appelé le père de la cryptogamie et de la cryptomonnaie en créant en 1990 la société Digicash. Concurrencé par la carte bancaire, David Chaum n’a pas pu faire prospérer son concept comme espéré.
Une deuxième tentative en 1996 de création de monnaie numérique par l’entreprise E-Gold, exploitant un système qui permet d’acheter de l’or en ligne et d’utiliser cet or « dématérialisé » comme moyen de paiement envers les personnes détenant un compte dans E-Gold. Cette expérience a duré onze ans pour des transactions s’élevant à 2 milliards de dollars.
Pour des raisons de contrôle financier, E-Gold a été fermé par le FBI.
Ces tentatives ont mis en lumière deux situations typiques qui comportaient un point faible de rupture et étaient donc très vulnérables. Soit dans le premier cas, une mauvaise gestion par une personne à la tête de l’entreprise, soit dans le second cas, une plateforme d’échanges à la merci d’une coupure d’un serveur.
Dans ce même temps, le mouvement Cypherpunk dont l’un des objectifs était de s’affranchir de la férule du gouvernement américain s’est posé la question de savoir comment utiliser les outils numériques nouveaux sans être vulnérable et sans être surveillé.
Or, en 2008, nous dit Anca, un certain Satoshi Nakamoto, personnage insaisissable, publie dans la liste de diffusion de Cypherpunk le document « Bitcoin peer to peer E-cash paper » qui jette les bases d’un moyen de paiement numérique en décrivant un système qui, plus tard, sera dénommé, en 2015, « blockchain », autrement dit « chaîne de blocs ». Ce système permet au Bitcoin d’exister et de fonctionner. Et c’est à partir de cette dernière date que la technique des crypto-actifs a commencé à prendre de l’ampleur et de façon ininterrompue jusqu’à aujourd’hui.
Cette année 2015 est marquée aussi par l’émergence de la notion de Web3 pressentie par Gavin Wood, spécialiste de ce milieu de la « chaîne de blocs » et des crypto-actifs.
On se souviendra que le Web est né en 1989 quand Tim Berners-Lee pose les fondamentaux du Web : le langage HTML, le principe de l’URL, lien vers une source du Web et du protocole Http, pour accéder aux ressources du Web.
Ensuite, dans les années 2000, une transformation du Web émerge, appelé Web2, telle que nous l’utilisons de nos jours.
Pourquoi un Web3 ? Pourquoi maintenant ? En fait, le Web 2 a donné lieu à des acteurs géants qui monopolisent les valeurs créées par chaque utilisateur du Web. Ces valeurs sont détenues par quelques entreprises sans que l’utilisateur en ait de retour équitable.
Or l’idée du Web3, qui se propose de faire différemment pour ne plus passer par ces organes tentaculaires, est de créer un système où pourrait être générée de la valeur sur Internet mais aussi de profiter de cette valeur créée. De sorte qu’elle ne soit plus uniquement concentrée dans les mains d’un nombre restreint d’acteurs numériques. Le Web3 est basé sur un concept fondamental qui est celui sous-tendu par la technique de « blockchain » ; en s’autorisant par ce biais une décentralisation technique et une décentralisation de la gouvernance.
Et plutôt qu’un acteur unique qui gère les flux d’informations et administre les données pour tous, on aura un réseau d’acteurs différents qui vont, chacun, faire partie du maillage et vont garantir le stockage et la gestion des données en question qui sont partagées sur le réseau formé par un nombre fixé d’utilisateurs qui seraient seuls acteurs de ce même réseau.
C’est là que la technologie de la « chaîne de blocs » intervient et ainsi renforce la traçabilité des flux entre tous les acteurs concernés et assure l’intégrité de l’information par droit de regard de chaque acteur sur ce qui se passe sur le réseau. Chaque membre du réseau joue le rôle de « gendarme ». Il en résulte une situation de confiance dans laquelle plusieurs acteurs peuvent travailler, échanger de l’information, et ce, avec une grande traçabilité et en assurant l’intégrité de celle-ci.
La technique de la chaîne de blocs, aujourd’hui, constitue une couche supplémentaire à tout l’écosystème qui gravite autour du web et les questions suivantes surgissent : quelles applications construire, comment accéder à celles-ci, quel est le mode d’identification, s’agit-il d’une réalité virtuelle, le réseau proposé est-il privé et fermé, ou public et ouvert, quel équilibre se donne-t-on entre la vitesse, la scalabilité et la décentralisation du système construit ?
À cette couche dite de la chaîne de blocs vient s’ajouter les systèmes crypto-actifs. Il en existe de différents types :
- les crypto-monnaies dont les « Stable Coins », sortes de monnaies d’échanges ou d’actions complètement dématérialisées, un peu différentes d’une monnaie numérique de banques centrales laquelle a la particularité d’être adossée à l’euro ou au dollar contrairement aux crypto-monnaies.
- les « Tokens », soit les « security token » émis pour lever des fonds soit les « utility token » qui confèrent à leurs possesseurs l’accès à des services particuliers.
- les « NFT- Non Fungible Token », certificat de propriété numérique attaché à un actif qui va être enregistré sur une chaîne de blocs. Ce certificat va être, également, enregistré sur une chaîne de blocs. À tout instant, le propriétaire est identifiable.
La chaîne de blocs autorise tout ce qui précède par son pouvoir de certifier des données, d’en assurer le traçage et d’automatiser certains processus portant sur les données.
Ainsi, des applications décentralisées peuvent être envisagées, par exemple, dans le domaine de la santé.
– À titre indicatif, aux États-Unis, pour éviter la manipulation des données des malades du Covid, des données ont été sécurisées via une chaîne de blocs.
– Ou encore, une équipe médicale de chercheurs pourrait accéder à des dossiers de patients anonymes détenus par des hôpitaux. Le traçage des transferts de données étant sécurisé et contrôlable par la technique de la chaîne de blocs ; il est alors possible d’organiser un catalogue des informations.
Reste la question d’accès à ces applications : soit par des interfaces traditionnelles, soit par le métavers, service en ligne qui donne accès à des simulations d’espace 3D en temps réel, partagées et persistantes. Il s’agit d’une action immersive, qui permet d’accéder à des services du Web3 notamment.
Nous sommes à l’aube d’une ère dont le Web3 a esquissé la conceptualisation et qui commence à prendre corps. Il reste, encore, beaucoup à inventer et des projets très audacieux émergent peu à peu dans le système économique.
Marc Rabiet et Olga Schalapa
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Anca Petre, PhD, est une entrepreneure en santé numérique passionnée par l’impact des technologies émergentes sur les soins de santé.
Elle est co-fondatrice de 23 Consulting, une société basée à Paris connue pour détecter les dernières tendances technologiques dans le domaine de la santé. Elle est également productrice de podcasts au MedShake Studio, où elle offre aux patients et aux professionnels de la santé une plateforme pour raconter leurs histoires.
Anca a obtenu un double diplôme en sciences pharmaceutiques à l’Université Paris-Saclay et en gestion à l’INSEEC Business School. Au cours de son doctorat, elle s’est spécialisée dans l’utilisation de la technologie blockchain dans l’industrie de la santé. Dans son travail de leader d’opinion international, elle se concentre sur l’apport de nouvelles technologies à l’industrie de la santé et sur l’implication des patients dans le processus d’innovation numérique.
En tant que conférencière TEDx, elle parcourt le monde pour donner des conférences inspirantes et percutantes qui sensibilisent au système de santé de demain et insufflent le changement.