Visioconférence de Violaine-Patricia Galbert
le jeudi 17 novembre à 19h
sur « Les conséquences des procès des attentats du 13 Novembre 2015
et du 14 Juillet 2016 sur les victimes et leurs familles »
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La conférencière s’est spécialisée dans les troubles du stress post-traumatique au contact des survivants du tsunami qui s’était produit en Thaïlande. Elle participe à la politique d’aide aux familles de militaires.
Il y a les victimes directes mais aussi des victimes indirectes, les proches qui doivent vivre avec ce vécu.
Le procès de l’attentat de Nice est en cours et les familles en attendent beaucoup : la vérité sur ce qui s’est passé et le pourquoi de ce drame. Il y a une demande de témoigner publiquement, de réparation pour que « justice soit rendue ». Il faut des coupables et des sanctions. Le procès pénal est donc nécessaire. Les parties civiles sont de l’ordre de trois mille. Les auditeurs au procès sont très nombreux : la plupart des parties civiles, les participants et le public ainsi que les médias, plus d’une centaine dont une trentaine d’étrangers.
Les parties civiles craignent les attentats mais aussi la foule à la suite à ce qu’elles ont vécu. Beaucoup découvrent ce qu’est un procès pénal. Toutes les séances vont être enregistrées.
Les victimes attendent depuis des années, elles sont stressées, émues, curieuses et risquent de rechuter dans une situation de traumatisme.
C’est une blessure invisible, un trouble émotionnel psychique dû à la rencontre avec la mort. Elle entraîne des retours en arrière de la mémoire, un mauvais sommeil, des troubles de l’humeur et un manque de capacité de concentration. Si, au bout de trois à six mois, cela ne se passe pas, il faut un traitement psychiatrique car la vie normale ne peut être retrouvée. Il peut y avoir aussi, au bout de six mois à deux ans, voire plus, l’apparition d’un phénomène post-traumatique à cause d’un fait qui ramène à l’attentat.
Pour pouvoir témoigner, il faut se rappeler. Or, ce travail peut être très violent. Pour le procès des attentats de Paris, il y a eu 450 accompagnements et 160 traitements.
Pour les victimes, se pose la question : faut-il se rendre aux audiences ou pas ? En effet, le fait d’y assister ne va-t-il pas empirer mon état ? Va-t-il servir à quelque chose ? Mais également, peur de ne pas se maîtriser, peur d’attentat, etc … risque de rechute. Assister à tout le procès ou juste une partie ? Des victimes rémunérées pour tenir un journal du procès n’ont pas tenu toute la durée des 10 mois de procès. Des journalistes, aussi, ont eu besoin de soutien psychologique. Seuls 35 % des victimes ont témoigné.
Il est important d’être reconnu comme victime mais les 15 minutes accordées pour témoigner sont bien courtes pour raconter comment une vie a été brisée. C’est aussi la possibilité de faire entendre aux accusés l’horreur qu’ils vous ont fait subir.
Les victimes ont produit des amnésies protectrices et le procès permet de comparer la réalité au souvenir qui leur en reste. Il permet donc de retisser l’histoire, de mieux comprendre ce qui leur est arrivé. Il permet aussi de rencontrer d’autres victimes, d’être moins seul, ce qui est très important pour les familles de décédés qui apprennent ce qu’a fait et vécu la victime décédée. Pour les rescapés, cela permet aussi de rencontrer ceux qui ont pu les aider, les sauver. C’est là une thérapie collective mise en oeuvre.
Mais c’est aussi une épreuve frustrante car le procès répond seulement au comment, pas au pourquoi. Les victimes ne connaîtront jamais la totalité de la vérité car il y a aussi le secret défense. Le procès, c’est aussi un espoir déçu.
Les victimes développent aussi un sentiment de culpabilité : pourquoi ai-je survécu ?
Le procès est un traitement de masse alors que la réponse est recherchée pour soi.
Certains peuvent aussi ressentir une énorme injustice car il faut être victime juridiquement ce qui n’est pas toujours le cas.
Enfin, le procès terminé, c’est le vide sidéral, c’est fini. Il y a alors de très gros risques de dépression ou de suicide des victimes.
Gérard Turck
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7 ans après les attentats de Paris et 6 ans après l’attentat de Nice c’est enfin l’heure des procès devant la cour d’assisses spéciale de Paris. Compte-tenu du nombre de victimes, une grande salle d’audience a été spécialement construite dans l’enceinte du Palais de Justice de l’Ile de la Cité. Et fait exceptionnel, les audiences sont filmées pour l’Histoire.
Lors de cette conférence Violaine-Patricia Galbert vous présentera les conséquences psychologiques que vivent les victimes et leurs familles, du désespoir à l’espoir de voir enfin leurs interrogations trouver des réponses lors de ces procès.
Ils se sont préparés à cette épreuve à la recherche de la vérité depuis le jour même de l’attentat. Les lancinants « Pourquoi ? » peuvent enfin se dire : pourquoi moi, pourquoi ce jour-là, pourquoi cet endroit, pourquoi cet attentat et pour quelles raisons?
Faire entendre sa souffrance, obtenir des explications, une réponse, obtenir des excuses de la part des accusés, tels sont les buts des victimes et de leurs familles mais qu’en est-il réellement pendant le procès.
Et surtout que vivent les victimes et leurs familles après la condamnation des accusés. Qu’en est-il de l’après procès. Comment vivre désormais avec cette blessure psychique. La justice a rendu son verdict et passe à autre chose. La vie continue…
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Violaine-Patricia Galbert est une spécialiste de la famille et de la prise en charge des Troubles de Stress Post-Traumatique (TSPT).
Elle a fondé et présidé l’Association des victimes et rescapés du Tsunami 2004.
Elle est intervenue auprès des victimes et de leurs proches lors des attentats de Paris en 2015, de Nice en 2016 et de Londres en 2017. Installée à Londres, elle a créé en 2018 une cellule de soutien psychologique d’urgence (CSPU) pour venir en aide aux Français victimes d’attentats au Royaume-Uni.
Auditrice de la 61ème session nationale de l’IHEDN (2008-2009) et de la 21ème session nationale de l’Institut National des Hautes Etudes de la Sécurité et de la Justice (INHESJ) (2009-2010), Violaine-Patricia Galbert est l’auteur du livre «Vivre avec une victime d’attentat, le traumatisme des proches », aux éditions Odile Jacob, 2018.