Conférence de David Sourdive le jeudi 12 avril
Perspectives et ruptures dans la révolution en cours des biotechnologies et sciences du vivant : opportunité stratégique et défis pour la France
A l’instar de la chimie au XXème siècle, la biologie connaît en ce début du XXIème siècle une véritable révolution. La faculté d’assembler atomes et molécules de façon systématique et prévisible avait permis l’essor de grands ensembles industriels de la chimie déployant ces capacités dans de nombreux domaines d’activité (énergie, pharmacie, agriculture, matériaux, etc.). De même, la capacité de façonner de manière précise, rationnelle et maîtrisée les systèmes biologiques (microorganismes, cellules ou organismes animaux ou végétaux) amorce l’émergence d’ensembles industriels déployant ces capacités dans de multiples secteurs : énergie, agriculture, biotechnologies de la santé, matériaux etc. Le vivant devient un objet d’ingénieur, qui le conçoit, le façonne, l’éprouve et l’adapte à un usage particulier.
La capacité à dessiner puis façonner précisément le génome d’une espèce ou de cellules vivantes est central dans l’avènement de la révolution à l’œuvre, pratiquement toutes les espèces utilisant l’ADN comme support de leur programme génétique. Les outils existent aujourd’hui qui nous permettent de cibler et modifier n’importe quelle portion de n’importe quel élément génétique dans n’importe quel génome de n’importe quelle espèce. La précision, la robustesse, la reproductibilité de cette « chirurgie » génomique sont pratiquement et conceptuellement très distantes des contraintes inhérentes aux approches historiques.
Cette faculté nouvelle se conjugue naturellement avec celle de prévoir et de savoir quoi changer dans les génomes. D’immenses quantités de données biologiques et génétiques sont produites chaque jour, capables, maintenant, d’être traitées par des approches algorithmiques fondées sur l’intelligence artificielle. Façonner tout ou partie d’un génome peut dès à présent s’appuyer sur cette boucle de l’ingénieur qui va de la conception d’un génome prototypique, à sa réalisation concrète, la mesure du comportement qu’il détermine, et un retour vers la conception du prototype suivant.
L’ère du « genome design » a déjà commencé et va apporter des grands gisements de croissance mais aussi des changements significatifs dans des domaines économiques et stratégiques comme la chimie, l’énergie, l’agriculture, la défense et, bien sûr, la santé.
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Diplômé de l’Ecole Polytechnique, et titulaire d’un doctorat en Virologie obtenu à l’Institut Pasteur, David Sourdive a été, de 1989 à 2000, Ingénieur de l’Armement au sein de la DGA, conduisant des programmes centrés sur la défense contre les agents biologiques. Sa spécialisation en immunologie anti-virale a été effectuée à l’Université d’Emory (Atlanta, USA). David Sourdive a été directeur de laboratoire au Centre d’Etudes du Bouchet et a également eu à œuvrer dans des contextes internationaux relevant de ce domaine particulier de la défense.
En 2000, co-fondateur de Cellectis SA, essaimage industriel de l’Institut Pasteur, David Sourdive devient entrepreneur dans le domaine des Biotechnologies, et plus particulièrement dans celui de l’ingénierie des génomes. En développant, dans un premier temps, cette approche technologique dans de multiples domaines d’applications tels la médecine régénératrice, les cellules souches, la thérapie génique, la bioproduction industrielle, l’agriculture et les bio-énergies, Cellectis s’est focalisée sur deux plateformes à travers lesquelles l’ingénierie des génomes est maintenant industrialisée :
la première consiste à produire des médicaments cellulaires dirigés contre des cancers, aujourd’hui en clinique, alors que la seconde, fondée sur la même approche technologique, vise à développer des produits agricoles améliorés. David Sourdive est aujourd’hui le vice-Président exécutif de Cellectis, en charges des opérations techniques et plus particulièrement de transformer cette rupture technologique en réalité industrielle et clinique. Il a aussi été un des fondateurs et président du pôle de compétitivité Médicen, et a également assuré la mission de fédération de la santé à l’export pour le ministère du commerce extérieur entre 2014 et 2016.