Cette conférence, ouverte à tous, s’est tenue dans le cadre des travaux du comité d’études «France, puissance d’action, puissance d’influence».
Dans une intervention particulièrement brillante, Arnaud Guillois, sous-directeur des affaires politiques à la direction des Nations-Unies du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, s’est interrogé sur lesens à donner aux mots «puissance» et «influence» avant de décrire l’environnement international de la France et la place qu’elle y occupe.
Est-elle en mesure de peser sur la scène internationale et de constituer, via le multilatéralisme, des alliances à la hauteur de ses moyens?
Comme bien d’autres pays, la France est confrontée à une mutation des menaces et des défis remettant en cause les fondements du multilatéralisme. A un monde bipolaire, centré sur les États, succède une multitude de groupes et d’acteurs non-étatiques qui entrent
en conflit et constituent une véritable internationale du terrorisme.
La menace nucléaire a changé de nature et les régimes de non prolifération ne peuvent plus être considérés comme inviolables ou acquis (Iran, Corée). Les changements climatiques et les migrations massives ont également des implications sur la sécurité tandis que la récente menace cyber est de plus en plus présente. Dans ce contexte, les multilatéralismes sont remis en cause avec le développement des populismes (États-Unis, Hongrie, Italie) et la montée en puissance de pays davantage soucieux de souveraineté nationale (Chine, Russie).
Pour répondre à ces menaces et à ce regain de nationalismes, que fait notre pays? Comme membre du Conseil de sécurité et puissance nucléaire, la France est particulièrement engagée au sein des Nations Unies. Elle multiplie les initiatives pour faire adopter des résolutions sur les problèmes du Moyen-Orient, de l’Afrique où elle s’engage, en outre, militairement. Elle est en pointe pour réformer la composition du Conseil de sécurité et multiplie l’organisation de conférences internationales pour faire avancer les solutions des problèmes mondiaux.
Elle pratique une «diplomatie d’influence multi-vectorielle». La francophonie est ainsi un élément de son attractivité, de sa crédibilité et de sa force (300 millions de locuteurs francophones à travers le monde; 750 millions en 2050, principalement en Afrique). La France s’engage également pour la défense des droits de l’homme au sein des enceintes multilatérales, est très présente dans de nombreux organes de la justice internationale et sur le front de la lutte contre le changement climatique (COP 21).
En conclusion, Arnaud Guillois a insisté sur la capacité de notre pays à parler à tous. Il s’agit là de sa grande force quand il faut trouver des réponses collectives à des problèmes collectifs.
Henri Deniaud