Jeudi 5 octobre 2017: Conférence d’Alexandra Lavastine sur le thème « De l’impérieuse nécessité d’une réarmement intellectuel et moral face au djihadisme » (d’après son dernier essai : Pour quoi serions-nous encore prêts à mourir? CERF • Ménorah d’or 2017). Une séance de dédicace de son dernier livre et un pot de l’amitié ont conclu la soirée.
Une guerre se gagne d’abord dans les esprits. Or, l’esprit n’y est toujours pas. En effet, au nom de quel héritage et pour quels idéaux les Européens seraient-ils encore prêts à se battre ? Cette question est la seule qui vaille. Surtout face à un adversaire qui possède, lui, de la transcendance hideuse et mortifère à revendre. Dès 2002, le penseur Philippe Muray invitait déjà les djihadistes à « craindre le courroux de l’homme en bermuda descendant de son camping-car ». Avec une cruelle ironie, il annonçait la suite en ces termes : nous serons assurément les plus forts car nous sommes les plus morts. Souhaitons-nous vraiment accomplir cette sinistre prophétie ? Ou au contraire nous arracher au somnambulisme, au déni et à la lâcheté dans lesquels la France s’illustre depuis « Charlie » ?
«Qu’est-ce qu’un homme vivant ? C’est un homme capable de se demander pour quoi — pour quels principes, pour quelle cause, pour quel bien supérieur — il serait prêt à se battre et, le cas échéant, à mourir. Cette interrogation n’a rien de martial ni de radical. Elle est minimale. C’est parce que chacun peut et doit se la poser qu’un “nous“ peut prendre corps, une communauté d’hommes libres réunis dans l’assurance confiante et mutuelle d’être soudés par un héritage et un ensemble de valeurs universelles partagés. À moins, nous sommes perdus. Or l’Europe d’aujourd’hui part de cette idée folle selon laquelle, pour se débarrasser des tragédies du XXème, il suffirait de se débarrasser du tragique lui-même».
Alexandra Lavastine
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Alexandra Laignel-Lavastine est docteur en philosophie, historienne de l’Europe au XXème siècle et essayiste (Prix de l’essai Européen en 2005). Sur notre sombre actualité, on lui doit, en mai 2015, un livre précurseur, ou la chronique d’une catastrophe annoncée : La Pensée égarée. Islamisme, populisme, antisémitisme : essai sur les penchants suicidaires de l’Europe (Grasset, Prix de la Licra). En mars 2017, elle a publié un court et vibrant essai : Pour quoi serions-nous encore prêts mourir ? (Cerf, 150 pages, 14 euros, Ménorah d’or 2017), salué par la critique comme un « manifeste de combat » (Causeur), une « stèle au courage où la philosophe revient, avec une énergie redoublée, sur le nécessaire réarmement dont nous avons besoin pour vaincre le djihadisme » (Le Figaro). Ce livre se présente aussi comme une invitation « énergique et passionnée » à renouer avec la figure sacrée du combattant. La « philosophe monte au front — et avec quelle vigueur ! — pour poser la question qui effraie », lit-on dans Marianne : « Comment être à la hauteur du défi islamiste ? ». Elle est par ailleurs l’auteur d’une dizaine d’ouvrages, la plupart traduits à l’étranger, et elle a un fils parachutiste dans l’armée française. Son dernier essai est justement dédicacé « à nos jeunes soldats qui se battent pour leur liberté comme pour la nôtre. Et que la République honore si mal ».