Mercredi 20 septembre 2017 : Conférence de Jean-Marc Daniel sur le thème « La guerre de demain sera-t-elle une guerre monétaire (ou pourquoi les souverainistes anti-euro sont les idiots utiles du privilège exorbitant des Etats-Unis) ». Une séance de dédicace de son dernier livre et un pot de l’amitié ont conclu la soirée. Regardez les photos à la fin de l’article
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Le système monétaire international explose en août 1971 avec le décrochage du dollar par rapport à l’or. En 1976, la décision est prise lors de l’Assemblée générale du FMI de ne pas revenir en arrière et d’expulser l’or du SMI. Ce métal, qui structurait la vie monétaire mondiale depuis le Vie siècle avant JC, quitte ainsi brutalement la scène. A compter de cette date, le garde-fou de la nécessité de convertir les dollars en or ayant disparu, les Etats-Unis ont entamé une longue période d’accumulation de déficits extérieurs. Le désordre monétaire qui s’est installé a été amplifié par des hausses erratiques du prix des matières premières dont les chocs et contre-choc pétroliers sont le symbole le plus significatif. En 1978, l’Europe réagit en créant le système monétaire européen (SME), premier pas vers une intégration monétaire plus poussée et vers la création de l’euro. La promesse d’un équilibre automatique du marché des changes grâce aux changes flottants qui sert de fondement à ces décisions de 1971/1976 n’a pas été tenue. Dès 1976 l’économiste Rudiger Dornbusch théorise la sur-réaction des marchés de devises et annonce la difficulté de les stabiliser sans accord entre banques centrales. En 1987, les accords du Louvre qui associent les Etats-Unis, l’Europe et le Japon sont supposés permettre le retour à la stabilité ; en pratique, les Américains font en sorte qu’ils restent lettre morte. De nos jours, les théories de Dornbusch se sont avérées et l’économie mondiale souffre de fluctuations de change désordonnées. Par-delà ces fluctuations, le problème fondamental est le déséquilibre de la balance courante américaine. Les Américains se sont proclamés « consommateurs en dernier ressort » de l’économie mondiale, vivant au-dessus de leurs moyens et transformant Allemands, Japonais et plus récemment Chinois en épargnants structurels du système en espérant en faire bientôt les « rentiers euthanasiés ». Dans ce contexte, l’enjeu de l’euro est, plus encore que celui de la solidarité européenne, celui de la capacité de l’Europe à proposer une alternative crédible au dollar.
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Jean-Marc Daniel est diplômé de l’Ecole Polytechnique, de l’ENSAE et de l’IEP (Sciences Po) Paris. Après ses études, il rejoint l’administration comme administrateur de l’INSEE. Il a alterné des fonctions dans l’administration active, dans les cabinets ministériels et dans des fonctions d’économiste et d’enseignant.
A l’heure actuelle, il est professeur d’économie à ESCP-Europe, et responsable de l’enseignement d’économie aux élèves – ingénieurs du Corps des mines. Il est également chroniqueur éditorialiste au journal « Les Echos » et dans la matinale de la radio BFM business ; il est en outre directeur de la revue Sociétal, la revue de l’Institut de l’entreprise.
Jean-Marc Daniel est l’auteur de plusieurs livres dont « Huit leçons d’histoire économique », « l’Etat de connivence » et « Trois controverses de la pensée économique » chez Odile Jacob, « Le gâchis français » et « Impôts, histoire d’une folie française » chez Tallandier ainsi que d’un « Manuel » d’économie paru chez Ellipse et d’une « Histoire vivante de la pensée économique » chez Pearson.