Le matin du 24 juin, sur le parking du musée de la «caverne du dragon», les 35 participants membres de notre association ont apprécié le traditionnel petit-déjeuner avant
d’écouter Jean-Paul AMEILHAUD leur présenter la bataille qui y fit rage, il y a cent ans, au lieu-dit du «Chemin des Dames» (Aisne): il s’agit d’un plateau calcaire, orienté Est-Ouest, situé entre la vallée de l’Aisne au Sud, et la vallée de l’Ailette, au Nord. Ce plateau est un bel observatoire, tant vers le Nord et la plaine située à l’Est entre Reims et Laon, que vers celle située au Sud depuis Soissons.
Au début de 1917, le général NIVELLE – qui avait remplacé le général JOFFRE – avait promis une bataille décisive et courte qui devait rompre le front. Le 16 avril, après une
intense préparation d’artillerie, l’assaut fut donné à 6 heures. Malheureusement, les conditions météorologiques ne permettaient pas un réglage correct de l’artillerie, et les
Allemands, alertés de l’imminence de l’offensive, s’étaient mis à l’abri. Leur position était d’autant plus favorable, qu’ils se trouvaient sur un plateau dominant l’approche des
troupes françaises. En définitive, près de 200.000 hommes sont morts sur le Chemin des Dames du côté français, pour un résultat limité, en raison d’erreurs du renseignement et
d’un entêtement tenace.
Cette bataille est liée aussi au souvenir des fusillés pour l’exemple et de la «chanson de Craonne» (dérivée d’une valse d’amour «Bonsoir M’Amour» composée en 1911 par le
père de Jean SABLON). I ne s’agissait pas tant de mutineries, que d’une immense lassitude et du désespoir d’une troupe qui ne voyait que la mort devant elle.
La Caverne du dragon, carrière souterraine creusée au Moyen-Âge dans le calcaire du plateau, occupée alternativement ou simultanément par les Allemands et les Français, a été visitée sous la conduite d’un guide à l’expression imagée, sachant fort bien nous faire imaginer les conditions de vie des troupes: obscurité quasi totale, humidité permanente ne permettant pas de se sécher en revenant des tranchées, atmosphère confinée, odeur pestilentielle, bruit permanent des obus qui tombent à la surface, menaçant de faire s’écrouler le plafond, difficultés à se protéger des attaques aux gaz.
Après le déjeuner, le groupe a fait halte à la nécropole de Craonnelle, où reposent près de 4000 soldats, dont 1900 dans un ossuaire. Le plus jeune participant y a déposé une gerbe. Le village de Craonne, totalement détruit par la bataille, a été reconstruit à proximité. Un arboretum a été planté sur son site labouré par les obus. Tout près, le plateau de Californie offre une vue dégagée sur le versant Sud du plateau par lequel les troupes françaises montaient à l’attaque. Un goûter amical a clôturé cette belle et émouvante journée du souvenir.
Xavier de THIEULLOY